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La vie au quotidien des normaliens.

 

 

    Je pensais à un autre  chapitre qui ferait aussi  appel  à la mémoire collective : " La vie au quotidien des normaliens" .
    Le réveil en fanfare au dortoir, la toilette (pour certains), le passage au réfectoire, les corvées du matin avec les responsabilités hiérarchisées des 1ère 2ème et 3ème années, le discours du
Dirlo sous la verrière, le ciroir, le réfectoire avec ses rangées (les mulets, les 2ème année, les 3ème année, le petit réf. pour les 4ème année. Toujours cette hiérarchie!)...
    Les tournois de foot, basket, hand, volley, baby foot du midi, les tartines de pain sec et les carrés de chocolat du goûter, la télé le soir avant
l'étude et notre feuilleton: Jannick Aimée, notre "sonneux, " Guy CHARLET, qui rythmait les heures de notre vie, les petites et les grandes sorties, l'affichage des collés........!
    C'était une idée comme ça .....

***************

    La vie quotidienne à l'EN était une "vie collective bien organisée obéissant à des règles de discipline librement acceptées". C'est du moins ce que dit le Règlement intérieur de l'École, retrouvé par Jean-Marie CHRÉTIEN. Ce document de 25 pages, ronéotypé, stipule d'entrée que l'élève-maître n'est pas un étudiant ordinaire et que ce titre "impose à ceux qui le portent des obligations que ne connaissent pas les autres étudiants" (p 1) . Il déclare ensuite que "par sa tenue et son travail, l'élève-maître s'efforce de rendre inutiles les sanctions prévues par le règlement" (p4), pour ajouter aussitôt: "Toutefois, le règlement en prévoit un certain nombre à l'encontre de ceux qui, mal renseignés sur la nécessité d'apporter tous leurs soins à la préparation de leur propre avenir, ne seraient pas tout à fait dignes de la condition d'élèves-maîtres, ou de ceux qui, par leur comportement, risqueraient de porter atteinte au bon renom de l'École" (p4). Tout est dit ! Suivent 20 pages d'interdictions et de prescriptions en tout genre !

    J'ai numérisé ce document intéressant et je vous le propose sous forme d'un livret électronique.

 

École Normale d'Instituteurs d'Arras: Organisation, Administration, Règlement intérieur. Année scolaire 1960-1961

 

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Notre emploi du temps:

    On le trouve explicité dans le règlement intérieur de l'EN de 1960-1961, page 6.

 

Lever : 6 h 30, toilette

Petit déjeuner : 7 h - 7 h 15

Services de propreté : 7 h 20 - 7 h 45

Rassemblement du matin : 7 h 45

Cours : 8 h - 12 h

Déjeuner : 12 h 15 -     12 h 45

Cours : 13 h 30 - 16 h 30

Goûter et récréation : 16 h 30 - 17 h

Étude : 17 h - 19 h

Dîner : 19 h - 19 h 30

Récréation : 19 h 30 - 19 h 45

Étude: 20 h - 21 h 40

Coucher : 21 h 45

Extinction des feux : 22 h

 

Le jeudi

Matinée sans changement ; sortie de 13 h à 17 h.

Soirée sans changement .

 

Le dimanche :

Lorsqu'il n'y a pas grande sortie : lever à 7 h, toilette, petit déjeuner de 7 h à 8 heures ;

Services de propreté de 8 h à 8h 25; étude libre ;

Sortie de 9 h 45 à 11 h 45 ; déjeuner à midi ;

Sortie de 13 h à 19 h ; dîner ; étude ;

 Lorsqu'il y a grande sortie : régime spécial en ce qui concerne les heures de sortie ; l'emploi du temps des petites sorties pour les élèves qui demeurent à l'école, est celui du dimanche ordinaire .

 

Des sonneries annoncent les changements d'activités :

- 3 coups : rassemblement du matin, par sections, en ordre, sous le préau ou rentrée dans les salles de classes ; rassemblement exceptionnel .

- 1 seul coup : début du travail ou des activités prévues.

 

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Les sonneurs:

     Comme cela est explicité dans le règlement intérieur de l'EN de 1960, page 6 (voir ci-dessus), des sonneries annoncent les changements d'activité:

        - 3 coups : rassemblement du matin, par sections, en ordre, sous le préau ou rentrée dans les salles de classes ; rassemblement exceptionnel .

        - 1 seul coup : début du travail ou des activités prévues.

     Ces coups de sonnette, il fallait bien que quelqu'un les donnât ! Cette fonction était attribuée au "sonneur"

     Chaque promotion a eu son sonneur. C'était un mulet de la promotion entrante.

     Selon Michel CUCHEVAL (Bismark), le sonneur devait être le fils d'un instituteur, ancien normalot lui-même.

Pierre LAMPIN (54 - 58): Surveillant entre 58 et 62.

     Il existait dans notre EN, un "sonneur" qui indiquait le début et la fin des cours mais aussi, par exemple, convoquait les normalots à un rassemblement sous le préau.
     Autant qu' il m' en souvienne on changeait de sonneur chaque année.
     C' était évidemment un service important, plus important que de balayer le sous-sol dans l' obscurité, ce qui fut mon cas, aussi le choisissait-on parmi les plus "
dégourdis" d' entre nous.
     Il me semble aussi que c' était toujours un "
mulet" qui abandonnait donc ce service lorsqu' il devenait "bardot".
     Mais son rôle ne se bornait pas à appuyer au bon moment sur le bouton de sonnerie. Il y avait en effet dans la galerie une boite aux lettres destinée au normalots et c' était le
sonneur qui était  chargé de relever ce courrier et le mettre à la poste.
     Il jouissait donc d' un double privilège: pouvoir quitter un cours avant sa fin et aller faire un tour en ville chaque jour.
     Il avait enfin une autre fonction importante, bien que non officielle: celle de transmettre directement le courrier intime entre normaliens et normaliennes.
     Nul doute que la liste des
sonneurs mériterait de figurer sur le site de la 60-64 à côté de celle des autres personnalités.

 

        Nous avons eu le 18 octobre dernier (2017) à Arras une conférence sur " l' histoire du carillon et des cloches de volée du beffroi d' Arras" Par David DUPIRE professeur des Conservatoires de Paris et par ailleurs fils de notre copain de la promo 54-58, Daniel DUPIRE.
        Le conférencier nous a montré, entre autres, l' importance sociale du sonneur de cloches, le "
maître des horloges" de la ville. Mais il n' était pas là seulement pour "piquer l' heure" et rythmer la vie des habitants: il utilisait ses cloches aussi pour avertir la population de toutes sortes d' évènement parfois joyeux comme les mariages ou dramatiques comme les incendies et ceci avec les sonneries appropriées.

 

Patrick GOBLET:

     Si ma mémoire est bonne, lors de notre première année d'E.N. ce fut CHARLET (non pas Jean-Louis mais un autre dont j'ai oublié le prénom et il ne faisait pas partie de notre classe de 1ère C) qui eut "cet honneur". Je crois que cette fonction était attribuée en fonction du numéro d'entrée au Concours de l'E.N. (comme le Premier était major, notre camarade Rolland THOMAS notamment).
     Au sujet des carillonneurs du beffroi, avant qu'il n'y eût un carillon au beffroi, c'était un joueur de hautbois (un hautboïste) qui avertissait de l'ouverture et de la fermeture du beffroi. J'avais découvert cela lorsque j'ai écrit, il y a déjà longtemps, un texte (bien plus long qu'une Nouvelle) dans lequel figurait un tel personnage.

 

Bruno PETIT:

     Notre sonneur, en 1960-1961, s'appelait CHARLET Guy. Il avait été admis au concours d'entrée à l'EN avec le rang 23, ce qui ne semble pas confirmer ton hypothèse...

 

Michel CUCHEVAL:

   Le sonneur était bien un "mulet". Il devait en outre être fils d'instituteur et même d'un ancien normalot. Y a-t-il eu des sonneurs fils d'ancienne normalote ? Je ne sais pas. Au fait, ça se passait comment chez les filles ?
   L'un d'eux s'appelait Marcel GOIDIN (61-65), dont le père enseignait à Calais, dans la même école que le mien.
   Le
sonneur quittait la classe avant les autres, en effet.

   Un jour, M. LEBOEUF (ch'Boeuf) nous a raconté qu'il perdait ainsi les minutes conclusives, très importantes, de chaque cours, et qu'il ratait systématiquement son bac (le premier) l'année suivante. Il est probable que le "systématiquement" est excessif, mais je n'en sais rien.

 

Daniel VANDEMBROUCQ (59-63): 

     Selon mes infos anciennes ,(Michel DAUBRESSE si mes souvenirs sont bons), M ARTAUD avait été directeur d'école à Pont d'Ardres, hameau des Attaques dans le Calaisis. Les parents de Michel étaient directeurs à Calais.

     C'est sans doute ce voisinage qui a fait que M ARTAUD a choisi Michel, puis, plus tard, son frère Jean, pour la responsabilité de "sonneur".

 

Liste des sonneurs: (à compléter...)

 

Année Nom et Prénom Date et lieu de naissance (selon le registre matricule de l'EN

1955-1956

MARIÉ Eugène né le 23/04/1939 à Boulogne

1956-1957

HOLUYGUE Yves né le 23.01.1939 à Lens

1957-1958

   

1958-1959

   

1959-1960

DAUBRESSE Michel né le 29/05/1943 à Arras

1960-1961

CHARLET Guy né le 7/04/1944 à Aire

1961-1962

GOIDIN Marcel né le 26/03/1945 à Hames-Boucres

1962-1963

DAUBRESSE Jean né le 29/06/1947 à Arras

 

 

Un petit aperçu de la journée habituelle:

Patrick GOBLET:

- 6 H 30, le réveil au son d'un petit marteau cognant les barres de lit et du répétitif "debout, il est l'heure" d'un surveillant. Le Dimanche matin, lors des Dimanches dits "de petite sortie", le réveil se faisait une heure plus tard et l'un de nos surveillants nous éveillait même quand il était de service en mettant un disque hurlant dans tout le dortoir "les chœurs de l'Armée rouge" (son unique disque probablement).

Toilette au dortoir assez rapide car on fermait celui-ci à 7 H (sinon pas de petit déjeuner).

- 7H, Petit-déjeuner, du lait, du pain (pas de beurre du tout mais certains copains en ramenaient de chez eux et le mettaient au frais sur le rebord de fenêtre du dortoir), un peu de confiture mais il existait quelques gourmands qui se servaient au détriment des autres... Ce n'était pas le cas de tous, et le Dimanche, comme quelques autres, revenant de chez moi avec quelques provisions, sucre, fromage, lait en tube, biscuits, la distribution au dortoir venait vite à bout des victuailles dont ma mère croyait que je ferais bon usage au long de la semaine. Pas de café, (un peu de "bibine" au goûter.)

- 7H 20, Après le déjeuner, on effectuait un service de propreté; chacun avait une tâche annuelle (nettoyage de box du dortoir, balayage des escaliers...). Personnellement, je fus chargé de balayer le hall d'accueil et de faire les poussières des vitrines où l'on pouvait admirer les trophées des normaliens dans les compétitions sportives...Un joli palmarès d'ailleurs. Ce service me permit d'être vite connu du directeur qui traversait le hall chaque matin et avait souvent un petit mot aimable, voire humoristique. En troisième année, on était chef de service et on était responsable du travail de quelques autres normaliens. J'ai évoqué la cantine avec mon linge apportée le premier soir. Elle fut vidée mais il fallait que mon père puisse venir pour la reprendre. Or, le Samedi, il faisait des assurances pour arrondir les fins de mois et je dus laisser quelque temps cette malle sous mon lit si bien que le copain chargé du nettoyage de notre box pestait sans cesse me demandant "quand je remporterais mon cercueil"!

- 7H 45: le service de propreté devait être achevé. C'est alors que le sonneur appuyait sur le bouton qui nous indiquait selon de nombre de sonneries si l'on pouvait se promener un peu dans le parc jusqu'au début des cours ou s'il y avait un rassemblement sous le préau où nous écoutions sans un mot, bien rangés, le directeur ou le surveillant général nous informant de quelque chose ou nous "félicitant" chaudement pour quelque chose qui n'avait guère plu en haut lieu.

- 8H:  Début des cours (jusque midi)

- 12H 15: Le repas en cantine (pas formidable car l'E.N. avait peu de moyens financiers ce que nous  ne comprenions pas vraiment à l'époque; au printemps, c'était mieux, car il y avait un potager à côté de l'E.N. cultivé par les élèves de quatrième année et leur prof d'agriculture très connu à Arras (Monsieur SÉBERT).

- 12 H 45: A l'issue du repas, les sportifs pouvaient se mettre en tenue et s'adonner à leur sport préféré (de bonnes infrastructures dans ce domaine) alors que d'autres dont je faisais partie remontaient vite en salle d'étude (ou de cours) pour réviser une leçon ou discuter avec les copains.

- 13H 30: Reprise des cours (nous étions toujours en blouse, une affreuse blouse grise, avec notre costume au-dessous car l'on ne pouvait quitter l'E.N. qu'en costume, chemise  et cravate).

- 16H 30:  Goûter pain à volonté (il était bon) sans beurre, confiture ou miel selon les jours (et selon notre rapidité à arriver en cantine), café super léger mais apprécié (s'il en restait, car, avec le prof d'Allemand nous retenant longuement, inutile d'espérer trouver encore tout cela à la cantine).

- 17H:  Étude (devoirs, mais lecture autorisée). Des surveillants et aucun bruit. (je n'en ai connu qu'un seul chahuté, Il était plutôt dépressif). On n'était pas avare de farces et je vous en livrerai bientôt.

- 19H:  Repas du soir et enfin les pantoufles.

- De 19H 30 jusque 20H: Un peu de liberté, dans la salle d'étude habituelle, dans les couloirs, la galerie, le parc (au bon temps), le foyer (mais les fumeurs me dissuadaient d'y aller).

- De 20H à 21H40: Étude (en première année, c'étaient parfois des conférences sur sujets divers et préparation au brevet de secouriste, sinon étude traditionnelle).

Remarque: chaque Vendredi soir, ciné-club pour ceux qui le désiraient, film projeté par un copain spécialiste, on emmenait sa chaise au-dessus de la tête pour se rendre dans la salle.

-21H 45: On monte au dortoir

- 22H: Extinction générale des lumières dans le dortoir (le chahut nocturne existait mais il était rare car les consignes pleuvaient).

 

Le réveil:

Pierre LAMPIN (54 - 58): Surveillant entre 58 et 62.

        A propos du rythme de vie à l' ENG me reviennent des souvenirs concernant le lever des normaliens ( à 6h30, je crois).
       Au milieu des années cinquante il n' existait que 3 dortoirs (bâtiment 1930).

        Pour inviter des Elève-Maîtres à se lever à l' heure, l' administration avait fait installer dans chaque dortoir un klaxon actionné à distance par le concierge de l' EN.
        Le son strident de ces klaxons au petit réveil était absolument insupportable et notre première préoccupation en début d' année était d' en saboter l' installation.
        Ce n' était pas chose facile car ils étaient fixés au-dessus des portes d' entrée des dortoirs, à environ 3 mètres de haut.
       Mais cela ne rebutait pas les "
bons en gym" de la promo: un athlète du genre costaud et un copain plus fluet mais adroit de ses mains se présentaient aussitôt. Le premier, faisant la courte échelle au second, permettait à celui-ci de réduire au silence le klaxon en tirant d' un coup sec le fil d' alimentation.
       Les pions devaient sans doute réaliser mais apprécier le silence revenu à l' heure du réveil car il fallait souvent plusieurs semaines avant que l' agent adéquat ne soit requis pour rebrancher les fils que nous nous empressions de débrancher aussitôt.
 

      A la fin des années cinquante, je devins pion à l' ENG.

     Les klaxons ayant été définitivement réduits au silence, je mis au point une sonorisation maison de "mon" dortoir en restaurant un vieil électrophone "La Voix de son maître" abandonné par les profs de musique et relié au haut-parleur de ma défunte TSF familiale.
     Mon stock de disques était cependant maigre car constitué de quelques 33 tours de musique classique, eux-aussi délaissés par les profs de musique.
     Ces concerts matinaux durent sembler répétitifs à certains Normalots qui me proposèrent bientôt leurs propres disques. C' était le début le l' époque "
Yé-Yé" et je me souviens par exemple d' un 33 Tours de Richard ANTONY que m' apporta un jour LEUNENS qui était alors en classe de philo.
     Choix judicieux car plus propre à réveiller les dormeurs récalcitrant qu' Egmont, de BEETHOVEN.
     Vint malheureusement ce matin où il prit au directeur de l' Ecole ( M. THOMAS) l' envie d' inspecter par surprise les dortoirs.
     Je pris alors le plus beau "
savon" de ma carrière.
     A l' entendre j' avais transformé mon dortoir en lieu de débauche.

 

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Le service de propreté:

Bruno PETIT:

    Chacun se souvient des corvées quotidiennes du petit matin: Le "service", comme on disait. Personne n'était épargné. Mais l'inégalité de traitement résidait dans la nature du "service". Moi, je me souviens très bien d'une année ou j'avais à entretenir la salle d'histoire géo de Ch' Bougnat. Ce n'était pas bien contraignant: un coup de balai par terre, un coup d'éponge sur le tableau noir, remettre les tables en place... C'était vite fait ! La planque ! Il me restait souvent un peu de temps pour réviser une leçon en vue d'une casquette... Et puis, mon chef - car on avait un chef de service : normalot d'une année supérieure - n'était pas chiant. Je ne sais même plus qui c'était ! Je ne sais plus non plus s'il est venu une seule fois contrôler mon travail. D'ailleurs, il eut perdu son temps, car chacun sait que j'étais un élève sérieux, même dans les tâches subalternes !

 

Patrick GOBLET:

   Concernant le service de propreté matinal, en première année, je fus préposé au hall d'entrée ce qui me donna l'occasion, le chiffon à poussière à la main, d'admirer les coupes ou médailles des valeureux sportifs de l'EN, moi qui était si nul en ce domaine. Ce fut aussi l'occasion d'assister à l'arrivée de nos profs, dont certains m'adressaient un petit bonjour, gentil ou plein d'humour; Monsieur Thomas m'adressa parfois quelques mots sympathiques avant le discours plus solennel sous la verrière. Enfin, il m'est arrivé de causer un peu avec les instituteurs malgaches qui passaient quelques jours en nos murs.

 

Pierre LAMPIN (54 - 58): Surveillant entre 58 et 62. Une feuille de service.

Voici une feuille de service de l' année scolaire 61-62, je crois.
On y voit sans déplaisir que CHRÉTIEN et COLLETTE n' étaient pas passés loin du courtelinesque nettoyage des chiottes!
Le caporalisme instauré par M. THOMAS avait à l' époque transformé les 3ème année en "
chefs de service"
(Cette liste est dans la 2ème feuille. J' ai donc remis l' en-tête de la 1ère pour la rendre plus compréhensible).

Source:

 Pierre LAMPIN (54 - 58)

201 Ko

 

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Le réfectoire.

Daniel CACHERA:

    "Laissez passer! J'ai la clé !". Combien de fois n'avons - nous pas entendu lancer cette affirmation goguenarde de quelque copain désireux de se frayer un passage à l'avant alors que nous nous entassions près des portes du réfectoire ou du dortoir?.

 

    Au réfectoire. Le goûter: pain, barres de chocolat était proposé en alternance avec pain, miel liquide. Que nous trempions dans un jus douteux quelque peu brunâtre qui était , parait-il, du café au bromure. Au début de la première année, j'avais, comme d'autres , pensé à améliorer l'ordinaire en apportant du beurre. Nous rangions les boîtes  sur les appuis de fenêtres du réf. : le beurre rancissait bien vite.

 

Le dortoir.

Daniel CACHERA:

    Au dortoir des "1ère année" installé dans le "nouveau bâtiment", des grincements rythmés , réguliers, d'un sommier au-dessus de nos têtes, ne nous laissaient aucun doute sur l'activité à laquelle on se livrait. Nous passions en revue, en rigolant, les membres du personnel de service qui savaient si bien, là-haut, se donner du plaisir.

 

    Nous avons , sans doute comme tout normalot, eu droit à la retenue collective du box (quelquefois annoncée alors que notre valise était prête pour la grande sortie du samedi après-midi).

    Identifier le chahuteur dans un box d'élèves censés être endormis n'était pas chose aisée pour le pion de service. Nous avons tous reçu en pleine tronche la lueur d'une lampe de poche tenue par un surveillant sympa.

 

    Dortoir des "3ème année": Je revois encore SAVARY dans une imitation de nain. Pour escamoter les jambes, il s'était mis les genoux calés dans les pantoufles et avançait ainsi, en pyjama, impassible en petites glissements des semelles dans le couloir central. Pour qui le voyait de face, l'effet comique était garanti.

 

    Je me souviens aussi, d'un certain Bruno PETIT, qui, tous les soirs, "marchait" sur les mains ou  tenait l'équilibre sur une chaise dans cette même position, tête en bas.

Les surveillants:

Daniel CACHERA:

    Cette année-là, un surveillant, WEINMANN je crois, amateur de jazz, nous réveillait en musique. J'ai encore en mémoire un de ces airs. C'était en tout cas plus sympa que la manière utilisée par un autre pion de heurter ses clés sur les barres métalliques des lits.

 

    Quel était cet autre qui fit connaître à quelques-uns d'entre nous restés le samedi soir (quand la moitié des copains étaient partis en grande sortie) des chanteurs tels Hélène MARTIN.

 

    Un des surveillants que nous surnommions Titof (Titov?) - s'appelait-il BERNARD ? Je crois qu'il a dû enseigner dans le Boulonnais- apprenait le russe. Au bureau où il était assis, il restait concentré malgré notre présence parfois quelque peu bruyante. On le voyait souvent remuer les lèvres sans doute pour mieux mémoriser.

Les sorties .

Michel CUCHEVAL:

    Je revois nos sorties en ville, sous l'œil inquisiteur d' ARTAUD et THOMAS, vérifiant que chacun avait bien une cravate ; peu importait qu'elle complète un simple polo !

 

Patrick GOBLET:

Un mot des sorties et des jours exceptionnels :

   Chaque Jeudi, entre 13H et 17H , sortie autorisée en ville. Je retournais vite chez moi; d'autres préféraient rencontrer les normaliennes, libres également (les E.N. n'étaient pas bien proches ! )

   Au week-end; deux types de sortie en alternance:

        Les dimanches de petite sortie:

          Le Samedi après-midi, après le devoir surveillé de Maths ou de Physique en alternance, de 13H 30 à 15H 30, sortie libre en ville jusque 17H puis étude, jusque 19H, repas et après le souper: étude  libre jusque 21 H 40..On pouvait aller dans la salle, bavarder ou travailler, aller au foyer…

          Le Dimanche, si l'on n'était pas collé, on pouvait repartir chez soi dès 9H et rentrer pour 20H (ou 19H je ne sais plus).

          Les copains demeurant trop loin (sur la Côte notamment) restaient à l'E.N. ces Dimanches-là

     Les Dimanches de grande sortie:

         On pouvait quitter l'E.N. le Samedi après-midi après le DS de Maths ou Physique, après un contrôle de notre box au dortoir et un appel général sous le préau (tenue exigée, le costume, la cravate). Le Directeur, présent à la grille, pouvait encore nous faire rentrer pour tenue non correcte.       
         Le retour était le Lundi matin pour 10H  (cela permettait aux normaliens demeurant trop loin de repartir dans leur famille).

 

Cette vie en internat était obligatoire pour tous, même pour les Arrageois;   Cas extrêmes: J'ai connu le fils du gardien-chef de la prison d'Arras (à côté de l'E.N.) obligé d'être interne, et même le fils de l'infirmière (logement de fonction dans l'E.N.) contraint de dormir au dortoir comme chacun.

 

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L'isolement.

Michel CUCHEVAL:

    Fin octobre 62, en Math Elem. J'avais eu quelques jours de congés pour raison de santé et je rejoignais l'école un soir, en semaine et pendant l' étude, j' ai failli me faire coller par le pion parce que j'avais osé faire circuler un journal, France-Soir, qui titrait sur l'affaire des missiles de Cuba. On venait de sortir d' une crise majeure et les élèves n'étaient pas informés : le cocon était bien étanche !

 

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Les paris.

Bruno PETIT:

    Un qui était le roi pour les  paris, c'était Bébert, alias Albert FACON. Puissent ses chers électeurs ne jamais tomber sur cette page infamante! Deux exemples parmi d'autres sans doute...

    Nous étions à table dans le grand réfectoire, en 2ème année sans doute. Nous devions sortir d'une séance de TP avec La Goubet au cours de laquelle nous avions disséqué un poisson qui ne nous avait pourtant rien fait. A la fin du TP, l'un de nous avait conservé toute la tripaille du malheureux poisson dans un petit paquet grossièrement emballé et, profitant de ce que Bébert avait la tête tournée vers un complice l'ayant habilement interpellé, il avait balancé la dépouille du poisson dans la soupe de Bébert : tête, boyaux, vessie natatoire, et j'en passe. Rien ne manquait, même si tout était en pièces détachées. Il aurait été bien présomptueux de vouloir donner un nom à l'animal. Nous, tout en réprimant des gloussements stupides, on attendait avidement la réaction de Bébert, très captivé par sa discussion et n'ayant rien remarqué de ce qui se tramait dans son dos. Enfin, il se retourne et, s'apprêtant à attaquer sa soupe, constate une présence étrangère et étrange surnageant à la surface. Après quelques instants d'expectative et une inspection sommaire du bout de la cuillère, il semble comprendre la situation, relève le nez et dit, avec le plus grand sérieux : " 5 caram-bars chacun et j'avale tout !" . Chacun lui promit bien sur ses 5 caram-bars ... et il avala tout sans sourcilier, en se marrant à voir nos tronches dégoûtées. Ah oui! J'ai oublié ! Le poisson avait fait un séjour prolongé dans le formol avant d'être mis au supplice...

    Attention ! Je ne veux entendre personne dire que c'est en souvenir de ce temps là qu'il fait désormais avaler des couleuvres à un tas de braves gens !

    Une autre fois, on avait trouvé quelques ossements dans la cour. Souvenez-vous que l' EN, avant d'être l' EN, était un cimetière! On sort ça à table, comme de juste, et aussitôt Bébert se saisit de ce qui avait du être une phalange, la brandit  et dit à la cantonade : " 5 caram-bars chacun et je le suce pendant 2 minutes !". (5 caram-bars, c'était le tarif !). Et là encore on promit, et là encore il s'exécuta sans faire de chichi... Sacré Bébert ! Déjà le sens du sacrifice, pour la bonne cause!

 

Jean-Paul DEMARCQ:

    Autre pari d' Albert FACON: mettre dans sa bouche une grenouille trouvée pendant une sortie botanique dans les remparts avec la "Valmalle"-

 

Bernard GRARE:

    Nous étions, Albert FACON et moi,  de grands copains et nous étions souvent dans les coups « foireux ». Ainsi je me souviens que durant un cours d’anglais avec le fameux professeur ODENT, pour un pari d’une centaine de carambars, Albert laissait passer de sa bouche la tête d’une grenouille attrapée lors d’une sortie en sciences naturelles .

 

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L'hiver 1962-1963:

Michel CUCHEVAL:

    A propos de l'hiver 62/63, je me souviens bien sûr de la température dans les dortoirs, des restrictions de charbon pendant la grève des mineurs et surtout de notre salle d'étude (chauffée) de Math Elem : nous étions peu lavés (c'est le moins qu'on puisse dire...) et certains, dont j'étais, s' habillaient le matin avec pantalon et pull par dessus le pyjama ! A l'étude, le soir, il arrivait qu'on sorte cinq minutes pour aller aux toilettes, ou pour fumer, ou les deux. Au retour en classe, je me souviens d'une vraie suffocation par l' odeur de fauves qui y régnait et qui (en me forçant un peu) me chatouille encore les narines.

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Histoires de chiottes:

Bruno PETIT:

    En ce temps là, je me promenais avec mon portefeuille dan la poche arrière de mon pantalon. Jusque là, rien d'original ! Comme tout le monde, je me rendais aux chiottes de temps en temps . Là encore, rien de plus normal ! Je vous passe les jérémiades sur l' inconfort de la position accroupie sur les chiottes à la turque, la difficulté à trouver un endroit (à peu près) propre  ou poser ses godasses, les relents puissants qui me prenaient aux narines ... Par je ne sais quelle conjonction de mécaniques défécatoire, cette position avait le fâcheux inconvénient de faire sortir le portefeuille de la poche arrière ou il était logé. Et un jour, particulièrement laborieux (les fayots de ch' Rapace, sans doute!), ce qui devait arriver arriva : le portefeuille chut, comme aurait dit Raymond DEVOS.
    Ce n'est qu'en me redressant et
en armontant m' maronne, juste avant de tirer la chasse, que je l'aperçus in extremis, surnageant dans la merde.
    Ben, heureusement que le fond de la cuvette était bien fourni et avait du mal à s'évacuer! Dans tout autre chiotte, j'aurais pu dire adieu à mon portefeuille et cela aurait été le début des emmerdements, si j' ose dire, vue les papiers qu' il contenait. Mais, fort heureusement, les chiottes de l' EN n'absorbaient ce qu'on leur donnait qu'avec beaucoup  de réticences, ce qui me laissa le temps de plonger, non sans quelque hésitation et dégoût, la main dans la merde pour récupérer le précieux objet. Ouf ! Après un bon toilettage, il a pu reprendre du service, dans une autre poche cette fois, mais non sans séquelles: une teinte particulière du cuir, une auréole suspecte et indélébile sur ma carte d' identité pendant toute la durée de sa validité, et des billets de banque bizarrement parfumés pendant quelques temps. Et dire qu'il y en a qui disent que l'argent n'a pas d'odeur!

 

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Les coulisses du savoir:

Michel CUCHEVAL:

    Juin 61, révisions pour le premier bac. La plupart d'entre nous étaient rentrés chez eux. Nous étions une quinzaine, à vue de nez, qui avions préféré nous approprier toute l'école pour nous tous seuls. Il s'agissait souvent (c'était au moins mon cas) d'échapper à la pression inquiète des parents. Nous avions obtenu (je ne sais plus qui avait négocié la chose) de disposer de certains matériels du labo de physique. Particulièrement des lunettes astronomiques : l'une en bois, sans véhicule redresseur, et l'autre en bronze avec ledit véhicule. Il s'agissait bien sûr de réviser le programme d'optique, mais aussi d'observer une touchante scène de toilette matinale dans le bâtiment d'en face...

    L'année suivante, nous avons été un peu mieux surveillés !

 

Bruno PETIT:  L’éducation sexuelle.

    Les cours d’éducation sexuelle ne faisaient pas partie des programmes scolaires de l’EN en ces temps reculés, et c’est bien dommage, car certains d’entre nous (dont j’étais) en auraient eu bien besoin !

    Faut dire que pour moi en particulier, les filles représentaient une terre convoitée et inconnue, et pour cause.

    Point de mixité à l’école primaire, et donc point de ces petits jeux de mains dans les recoins … de l’école.  Y a bien eu une copine de mon quartier avec laquelle il m’est arrivé de jouer innocemment  « au papa et à la maman », comme on disait alors, mais ça ne m’a permis qu’une découverte sommaire de petites différences anatomiques…

    Pas davantage de mixité au Cours Complémentaire, à l’âge des premiers émois (qui se souvient de sa première érection le surprenant dans une grande descente trépidante à vélo sur une route pavée de bonnes intentions pourtant ?).

    Et toujours pas de mixité à l’arrivée à l’ EN !

    Bref, virginité totale du corps et de l’esprit, en ce qui me concerne.

    Quand les gars du Clan du Carillon m’ont demandé si j’étais puceau, lors de leur entretien de recrutement, à notre arrivée en 1ère année, je ne savais même pas ce que ça voulait dire.

    Pourtant, la curiosité était grande. Et le désir croissant suscité par les premières sauteries et alimenté par des flots d’hormones, faisait naître de plus en plus de questions  qui restaient sans réponse institutionnelle.

    Heureusement, il y avait  quelques copains chanceux un peu moins ignares, et parfois même très au courant, certains même allant même jusqu’à une pratique régulière de la « chose » qui m’intéressait tant.

    Tarzan , à savoir Gérard THETELIN, était de ceux-là. Il avait à l’époque deux fiancées, rien que ça ! Une officielle, et une autre, secrète,  qui était, pour simplifier les choses, la meilleure copine de la première. Et tous les jeudis après-midi, c’était pour lui un chassé-croisé pour honorer l’une, puis l’autre, à tour de rôle, dans les fossés des remparts ou quelque autre lieu discret, sans que jamais l’une ne se doute de ce qu’il faisait avec l’autre et réciproquement. Le trio fonctionnait à merveille et tout le monde semblait content. Un scénario réglé au millimètre, exécuté avec une parfaite maîtrise du temps et de l’espace. Une sacrée santé aussi le Tarzan ! D’ailleurs, dans mon souvenir il était sec comme un clou. Pas un gramme de graisse en trop !

    Le soir, au dortoir, il avait une fâcheuse tendance à se plaindre, le bougre, de la complexité de la situation et de la difficulté de gérer tout ça dans l’harmonie. Et il râlait, et il râlait. Nous autres, on trouvait qu'il se plaignait d'aise ! A part ça, il faut reconnaître qu’il n’était pas bavard, pas vantard pour un sou. Tout ça lui paraissait naturel, oui, c’est le mot : naturel.

    Mais nous autres, nous ne l’entendions pas de cette oreille. On tenait un maître es sexe et on voulait le faire parler, profiter de son expérience de la "chose", lui faire raconter ses galipettes dans tous leurs détails, du plus simple au plus acrobatique. Les conversations étaient terriblement techniques et bien peu romantiques, je dois le reconnaître. Assis en cercle autour de son plumard, on le questionnait dare-dare.

-         Comment tu fais Tarzan , pour la baiser ? (le mot, lui, on le connaissait)

-         Ben c’est simple. Quand tu l’as mise à poil, tu l’allonges sur le dos et tu te couches dessus.

-         Alors, tu dois l’écraser complètement de tout ton poids, même si t’es pas très gros ?

-         Mais non, ducon, tu prends appui sur les coudes et tu tiens fermement les fesses dans le creux de tes mains

-         D’accord, mais comment tu fais pour l’introduire si t’as les mains occupées ailleurs ?

-         Et elle ? Ses mains, tu crois qu’elle les a dans ses poches ?

Cette réplique de Tarzan est restée gravée dans ma mémoire, tant elle nous avait fait rire par son évidence. C’était ça notre éducation sexuelle. Merci Tarzan ! Ça m'a bien servi !

 

Bruno PETIT:  Le filoneur.

    En 2ème année, les compositions d’Histoire-Géographie de Ch’ Bougnat représentaient un travail de mémorisation considérable. Pour ma part, à la veille d’une « compo », je passais le week-end complet de petite sortie sur le palier du dernier étage, devant la salle de dessin, avec 2 compères aussi studieux que moi (Je me rappelle de Michel PALIN, compagnon de la première heure venant du même CEG que moi, mais je ne me souviens plus du 2ème larron !). Assis à plat cul par terre, le dos appuyé au mur, les cahiers sur les genoux repliés, sans le moindre confort, nous avions trouvé là, néanmoins, un havre de tranquillité pour « bûcher », comme on disait alors, du matin à la première heure jusqu’au soir à l’heure de l’extinction des feux. On lisait les pages, puis on fermait les yeux et on se les récitait intérieurement. De temps en temps, pour redynamiser le groupe, on s’interrogeait mutuellement à qui mieux mieux. Ah ! Garibaldi, Victor Emmanuel, et l’Unité Italienne… On savait ça par cœur ! Fastidieux ! Étonnant ! Remarquablement efficace !

    Mais cette façon  de concevoir le travail de révision ne faisait pas l’unanimité. Un camarade de ma classe, en particulier, avait opté pour une autre méthodologie, manquant de confiance en sa mémoire pure, sans doute, ou considérant que ce travail de mémorisation colossal était incompatible avec sa philosophie existentielle. Au lieu de réciter les pages du cahier pendant des heures entières, jusqu’à pouvoir se passer du support, il s’était lancé dans une entreprise méthodique de conception de « filons », qu’il jugeait plus pragmatique et plus sûre. Ne  me demandez pas qui était ce camarade : je ne m’en souviens plus. (Mais comme il y a prescription depuis 45 ans, ça me ferait plaisir qu’il se reconnaisse dans cette évocation). Toujours est-il que son entreprise de création de filons était  exemplaire. Elle avait été pensée dans les moindres détails. Chaque filon était un petit bout de papier soie très fin de 4 cm sur 5 cm environ, sur lequel il écrivait en tout petits caractères parfaitement calligraphiés, l’essentiel d’une leçon ou, pour le moins, d’un paragraphe important.  Les filons s’entassaient au fil des heures, chacun faisant l’objet d’une numérotation complexe. Tout le programme de révision fut couvert par les filons, plusieurs dizaines de filons, un vrai petit dictionnaire de filons qui devait bien faire 2 ou 3 cm d’épaisseur. Une somme de culture historique et géographique. Et le week-end de petite sortie a eu du mal à suffire pour mener l’entreprise à son terme. Mais ce qui m’avait le plus impressionné, la cerise sur le gâteau, c’était le "filon Sommaire » qu’il m’avait présenté avec fierté et qui lui devait lui permettre en fonction du sujet qui tomberait, de retrouver sans aucun mal et en toute discrétion le filon correspondant, grâce à cette numérotation savante dont je parlais précédemment.

    En fin de compte, et bien que cette méthode de travail eut été jugée avec sévérité par nos maîtres, s’ils en avaient eu connaissance, notre petit camarade ne passa pas moins de temps que nous pour préparer sa « compo » d’Histoire-géo, et je peux affirmer qu’il a tout lu au moins une fois, qu’il en a parfaitement analysé le contenu et résumé l’essentiel, anticipant avec sagacité sur les sujets possibles.

    Le jour venu de la « compo », je jetai vers lui un regard de temps en temps. Bien sûr, il finit par sortir le recueil de filons dans le creux de sa main. Ben diable ! Il ne s’était tout de même pas donné tout ce mal inutilement ! Pourtant, je suis persuadé qu’il aurait très bien pu se dispenser d’en faire usage : l’essentiel était dans la tête ! La méthode, bien qu'éminemment discutable sur le plan de l'éthique, avait eu des effets secondaires très positifs !

    Néanmoins, après mure réflexion et analyse objective des tenants et des aboutissants, il n’a pas jugé utile de recommencer une telle entreprise à la "compo" suivante : il a repris la méthode classique et bébête, somme toute pas plus coûteuse en temps, pas moins efficace, et plus digne d'un futur "éducatcheur" ( comme disait Gras-Double).

 

Bernard GRARE:

    Nous avions, chaque samedi, des devoirs surveillés qui étaient ronéotypés à partir d’un papier carbone à l’administration. Mais malheureusement la secrétaire utilisait le même papier carbone pour plusieurs devoirs différents. Qu’à cela ne tienne, l’élève responsable du nettoyage de la salle retirait de la corbeille le précieux document et, à l’aide d’un petit miroir, j’arrivais parfois à reconstituer une partie  du devoir proposé.

 

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Le Ciné-Club.

Bruno PETIT:

    Chaque vendredi et chaque veille de départ en vacances, il était curieux de voir une foule de normaliens, débonnaires, en blouse grise, trimballant une chaise sur le dos, se diriger cahin-caha, en ordre dispersé, à une heure tardive, vers le gymnase. Mais où allaient-ils donc ?

    Ils allaient au cinéma ! Eh oui ! C'était le jour du ciné-club! Et ça faisait une bonne petite détente collective après une semaine chargée ... mais pas encore terminée, hélas ! N'oubliez pas que la samedi n' était pas chômé et même pire: on devait se farcir un DS tous les samedis après-midi. Des fois même, il y en avait qui séchaient le ciné-club pour réviser des maths ou de la physique en prévision du DS du lendemain. Bon, mais ça, c'était une minorité quand même. Le gymnase était bien rempli. Savez-vous qu'en 1962-1963, on a comptabilisé 5000 entrées !

    Les films étaient fournis par l' Office Régional Laïque d' Education par le Film.(ORLEIS) Le choix était sévère et permettait de ne passer que des films ayant une réelle valeur. La veille de chaque séance, une feuille ronéotypée présentait le film et donnait les éléments de sa discussion, afin d'en faciliter la critique. (Monographie de JR THOMAS). Je ne sais plus qui prenait en charge l'organisation du ciné-club. Les 4ème année, peut-être ?

    Une fois la séance terminée, chacun repartait, en grande discussion, avec sa chaise sur le dos. Et c'est alors que les balayeurs intervenaient. Car les reliefs de ciné-club, ça existait, même si, à l'époque, les films n'étaient qu'en 2D ! Moi, j'étais volontaire pour cette corvée. Excès de zèle ? Lèche-cultisme exacerbé ? Masochisme pratiquant ? Que nenni ! Figurez-vous que, tout simplement, à l'époque, je collectionnais les "DH", (Il y a déjà quelques temps que je ne les collectionne plus!). Et des "DH", j'en faisais une sacrée moisson ! A raison d'un "DH" par caram-bar, je repartais les poches pleines ! Ce qui m'a valu de recevoir pas mal d'albums de photos touristiques 4cm x 6 cm, en noir et blanc! Pas terrible ! Mais c'était le seul moyen pour moi de voyager un peu : en rêve...

 

Claude SARRAT:

    Le Ciné-club était "animé" par Jean-Luc SAVARY et Jacky DUBOIS, lequel a fait une bonne partie de sa carrière à l' ORLEIS. Ils étaient tous deux complémentaires et complices. Je crois me souvenir que Zaza "exerçait" cette activité aussi dans sa commune (sans garantie). Sur Jean-Luc SAVARY je crois qu'il y a beaucoup à raconter, c'était un sacré "amuseur" en même temps qu'un musicien très doué (batterie, piano, trompette, trombone à coulisse, je ne sais plus combien d'instruments il jouait... CHANTRY devrait nous en dire plus...)

 

La RIGUINGUETTE évoque parfois, au fil des numéros, les projections qui ont eu lieu.

- Vendredi 18.10.1963: "Les suspects" - Film d'espionnage avec Anne VERNON

- Vendredi 25.10.1963: "Tant qu'il y aura des hommes" - Film d'espionnage ayant obtenu la mention hors concours au festival de cannes 1954.

- Vendredi 8.11.1963: "Assassins du dimanche" - Drame de conscience professionnelle.

- Vendredi 15.11.1963: "Les forbans" - Inoubliable western.

     Nous profitons de ce premier numéro pour vous informer de la nouvelle organisation du "CINE-CLUB". Au lieu de se borner uniquement à une projection cinématographique, les responsables envisagent d'orienter le CINE-CLUB vers la formule "Cinéma d'essai" préconisée par la Ligue de l'Enseignement. Avant chaque séance, il vous sera distribué un commentaire du film, rédigé d'après les revues culturelles cinématographiques; la carte qui vous a été vendue donne droit à ce commentaire. (La Riguinguette, N° 2 - novembre 1963)

La cagnotte de la 1ère C.

     Nous avions créé,  dans notre classe de 1ère C, une « coopérative » d’entraide. En fait, coopérative est un bien grand mot ! Il s’agissait d’une simple cagnotte. Tout le monde  avait versé au pot pour la constituer. (Rolland THOMAS).

     Rolland THOMAS, major de la classe, était le trésorier zélé de ces micro crédits sans intérêts.

     Cette cagnotte servait à prêter de l'argent à ceux d’entre nous qui connaissaient des fins de semaine difficiles. Chacun pouvait emprunter selon ses besoins. RINGOT en était le meilleur client. Et  contrairement à ce qui se passe actuellement, tout le monde remboursait. (Rolland THOMAS).

     Or, lors d’un match inter classe, ou l'un des célèbres Artois- Marittthhhhimes  (Georges POLET), Rolland THOMAS qui, bigleux,  devais jouer au foot avec ses lunettes, s'était salement blessé.

   Tom avait le visage ensanglanté, un verre était cassé ou sorti de la monture. Nous ne savions pas quelle partie de l'œil était atteinte: arcade, paupière ou l'œil lui-même, car le sang coulait fort. Et Tom ne voyait plus rien. Et alors que nous le raccompagnions vers notre salle de classe en le portant car il avait été sonné lors du choc, il s'écria :"Je m'en fous même s'il est crevé: c'est mon œil le plus faible". Et ceux qui l'ont connu à l'étude en 1ère C se souviennent peut être de notre major, penché sur ces bouquins avec un œilleton noir qui tentait de préserver cet œil. (Georges POLET),

     Tandis qu’il était parti pour recevoir des soins, dans notre salle d’étude,  notre pote RINGOT, célèbre pour son caractère affirmé et pour ses  coups de colère légendaires, mais au cœur généreux sous une carapace rugueuse,  s’adressa à la classe. En substance, il nous rappela que Tom était un dévoué major et que la petite cagnotte serait fort bien utile pour lui faire un petit cadeau. A l’unanimité nous approuvâmes et il me semble qu’Alain PLATIER se chargea de l’achat d’un livre de Conan DOYLE. Ce jour là chacun a ressenti, je pense, que l’amitié entre pensionnaires n’était pas un vain mot. (Patrick GOBLET)

     J'ai encore les deux bouquins qui m'avaient été offerts en liquidant la cagnotte: le Conan DOYLE et une anthologie des poésies de VERLAINE de chez SEGHERS. C'est Tatave qui s'est chargé d'aller les acheter chez BRUNET. Je les retrouverai bien un jour et vous scannerai les dédicaces.  (Rolland THOMAS)

     Avec Alain BLOND, en villégiature dans mes montagnes, nous avons retrouvé, en ouvrant des malles, l'un des livres qui m'avait été offert lors de la liquidation de la cagnotte de 1ère C. Vous (ceux de la 1ère C) retrouverez votre signature de l'époque. La première, en haut et à gauche, un peu effacée, est celle de PLATIER, je pense. (Rolland THOMAS)

 

1960_1961_1c_livre_offert_au_major.txt

 R THOMAS 176 Ko
R THOMAS 143 Ko

  

Les regrets.

 Jean-Pierre GOURNAY:

    Gilbert PEUGNET fonctionnaire stagiaire de l’éducation nationale, s’est ramassé trois heures de colle, un dimanche .Et nous n’avons rien fait, rien dit ! Avec le recul, j’en ai une grande honte, même si c’était avant 1968 et à l’EN d’Arras.

 

La Coopérative Normalienne d'Entraide:

Année scolaire 1962-1963

  ENG ENF
Président d'honneur M. THOMAS Mme SIMONIN
Président: Roger DUFLOS (58-62) Renée DUMONT
Vice-président: Jean-Paul GARS (58-62)  
Secrétaire   Guylaine GUIOT
Trésorier (CCP) M. BEAUFILS  
Trésoriers Bernard PAVY (59-63)- Gérard DELPIERRE (59-63) Christiane LINPLART
Délégués MGEN Emile RAGUENET 58-62), Jean-Pierre DUFOSSE (59-63)  
Délégués syndicaux Jean-Pierre OSTENNE (59-63) - Jean VAN ACKER (58-62), HERENT Claudine SARRE, COURTOIS, PIATROWSKI, Michèle LESSERT
Riguinguette Jean VAN ACKER (58-62) (responsable), Gérard DELVAL (58-62), Jean-Louis CUVILLIER (58-62), Gérard BOUCHE (58-62) Correspondante Riguinguette: Mireille LEROY
Comité des fêtes Daniel COLLOMBET (58-62)(responsable), Alain DOURIEUX (57-61), Serge MOMAL (59-63), Gilles DUOLE (59-63)  
Ciné-club, éclairage, sonorisation Jean LECLERCQ (59-63) (responsable), Alain BARRE (58-62), Jean-Claude DESGARDIN (59-63), Jules PACHY (57-61), Jules DEVAUX (59-63)  
Photo club Georges MATHIEU (59-63) (Responsable), Daniel ISAAC (58-62), Francis JOLY (59-63), Marcel LAGACHE (59-63)  
Orchestre, Conseiller  M. CHARPENTIER  
Chef d'orchestre Christian PRATO (59-63)  
U.S.F.E.N Daniel DUMONT (59-63), Daniel LECLERCQ (59-63)  
Activités à l'intérieur de l'école   Chantal LERNOULD, Michèle GIVET

 

Année scolaire 1963-1964:

  ENG ENF
Président d'honneur M. THOMAS Mme SIMONIN
Président: René PIQUET (59-63) Claudine JANQUIN
Vice-président: Alain BLOND (59-63)  
Secrétaire   Sylvette CARON
Trésorier (CCP) M. BEAUFILS Melle PALLOUX
Trésoriers Alain LIEVIN (58-62)- Jacques MIETTE (58-62) Anne-Marie HANON
Délégués MGEN Jean-Pierre KUCHEIDA (60-64) - Guy CHARLET (60-64) Nelly BOYER
Délégués syndicaux Jean-Marie BARBIER (59-63) - Jacques POLART (59-63) Claudine RENAULT
Riguinguette Christian SANTERNE (60-64)(responsable), Bernard ANDRE (60-64), Robert BLANCHARD (60-64), André BODART (60-64), Michel LABIT (60-64), Henri LARDÉ (60-64) Correspondante Riguinguette: Danièle GUIDE
Comité des fêtes Jean-Paul AVERLANT (60-64) (responsable), Jean-Pierre BERNABLE (60-64), André BODART (60-64), Daniel TENEUR (60-64), Jean-Pierre GOURNAY (60-64) Odile POISSON
Ciné-club, éclairage, sonorisation Jackie DUBOIS (60-64) (responsable), Jean-Paul DEMARCQ (60-64), Gilbert PEUGNET (60-64) Joëlle JOUCKS
Photo club Jacques POLART (59-63), Jean-Louis GUEUDRÉ (60-64) (Pas encore désignée)
Orchestre, Conseiller  M. CHARPENTIER  
Chef d'orchestre Michel DELAHAYE (60-64)