Janine GOUBET

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dessin de Joseph BONNEL

Surnommée "La Goubet"

Janine GOUBET fut professeur de Sciences Naturelles à l'École Normale d'Instituteurs d'Arras de 1957 à ?

Signature :

 

Bruno PETIT:

    La Goubet était un tout petit bout de femme, mais qui nous inspirait les plus grandes craintes, tant elle était sévère, stricte, intraitable. Je crois pouvoir affirmer sans crainte d'être contredit qu'elle ne faisait fantasmer personne. Et pourtant, la matière à fantasmes était rare! J'ai vu son sourire pour la première fois, il y a très peu de temps, en observant l'un après l'autre les visages des professeurs sur la photo que venait de me transmettre Mme ROGNIAUX. Je n'aurai pas cru qu'elle sache sourire. L'attente dans le couloir qui menait à la salle de sciences où elle opérait était lugubre. Le trouillomètre était à zéro. Si quelques camarades chuchotaient, ceux qui n'avaient pas appris parfaitement leur leçon s'empressaient par gestes vigoureux de les faire taire, car nous avions déjà vécu l'expérience de la "casquette" (1) de représailles un jour ou nous avions attendu notre tour en chuchotant un peu trop fort dans le couloir. Nous regardions sortir le groupe précédent en silence (eux et nous), sans oser les questionner, sinon du regard : avaient-ils eu droit à la "casquette" ?... Non ?... Ouf !

    Nous entrions à notre tour en bon ordre, rejoignant nos pupitres sans un bruit. L'heure de cours ordinaire commençait invariablement par une interrogation orale et nous redoutions d'être appelé, car c'était un exercice épouvantable, surtout pour qui ne possédait pas bien sa leçon. Le malheureux élu était seul au tableau face à la classe. La Goubet s'installait tout au fond de la salle, le dos au mur, les mains derrière le dos. Aucun de nous ne pouvait ainsi la voir et personne n'osait se retourner pour sonder son regard. Elle posait sa question et attendait la réponse. Et quand le malheureux interrogé ne savait pas répondre, elle le laissait mijoter dans son ignorance pendant des minutes interminables. C'était insoutenable! Et pas question de souffler la réponse, même ceux d'entre nous qui étaient au premier rang sentaient le regard foudroyant de La Goubet peser sur leur nuque! Ces longs silences étaient une torture ! Un jour, j'ai vu un copain placé devant moi jeter un coup d'oeil furtif à sa montre, tant cette attente silencieuse lui paraissait longue. Il s'est fait fusiller aussitôt, car elle voyait tout : "Monsieur ...(untel), si vous êtes pressé, vous pouvez prendre sa place !". Bigre ! Finalement, elle renvoyait l' ignorant à sa place avec une note désastreuse, puis commençait son cours.

    Au fond, je crois que c'est elle qui avait peur des lascars que nos étions, et qu'elle se composait un personnage sévère et vache pour se mettre à l'abri. Le sourire qu'on lui voit sur la photo de Mme ROGNIAUX semble si naturel et si spontané qu'il doit révéler sa vraie nature.

 

    (1) casquette = interrogation écrite.

 

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Vignettes Commentaires Source taille de la photo

Les professeurs de l'École en 1965 autour de Mr THOMAS.

1965_profs.txt

Monographie de J-R THOMAS 263 Ko

1969_profs.txt

Mme ROGNIAUX 197 Ko

 

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