bonnel.htm

« Déjà tonitruant, mais plus jeune bien sûr, plus fougueux. Une chance pour nous, il joue au rugby chaque dimanche, et les deux heures de pédagogie de l’Education Physique du lundi lui suffisent à peine à commenter la partie de la veille qui ne dura pourtant que 80 minutes, ce qui nous laisse le temps de feuilleter le journal ou de faire les mots croisés ».

Sur la photo ci-dessous: "Monsieur Joseph BONNEL, prof de gym, en train de repeindre le marquage du terrain de basket sous la verrière, en 1960. Il offrit à cette occasion à Jean-Bernard NIEPPE, un copain de promo 57-61, une formidable course à l'échalote (poussée virile en le tenant par une poignée de dos et une poignée de fesses). Jean-Bernard, cigarette au bec et mains dans les poches, avait marché en souriant bêtement sur la peinture fraîche."

Il m'avait mis cette appréciation sur mon livret scolaire en fin de 1^ère année (J'ai eu le plaisir de l'avoir comme prof d' E.P.S. pendant 3 ans):

Je dois dire que son jugement était pertinent et s'est révélé parfaitement exact. Je l'aimais bien et il me le rendait bien, tout en sachant que je ne ferai jamais partie des champions.

Pour nous échauffer; il nous faisait faire quelques tours de cour en précisant: " Mettez vous les uns derrière les autres, à une longueur de zob ! ".

C'est vrai ! Je m'en souviens très bien ! Mais n'allez pas en tirer des conclusions hâtives sur les performances anatomiques des traînards !

Tout le monde se souvient de ce prof de sport à la voix forte et au langage « fleuri ».

Un jour, leçon de gym dans la salle au fond du parc. Pour commencer, échauffement en trottinant autour de la salle. Certainement mécontent de la répartition des élèves autour de la salle, il nous demanda de nous mettre à « une longueur de zob » de notre camarade de devant. Inutile de vous décrire ses commentaires sur la virilité de chacun d’entre nous.

Ce dernier m'avait marqué par la grossièreté de ses propos et invectives... Il faut dire que je n'étais pas parmi ses meilleurs espoirs de médailles... Il avait noté, en appréciation sur un de mes bulletins: " N'aura sans doute jamais la foi ", alliant ainsi esprit et spiritualité.

Pour l'anecdote de "Une longueur de zob" , que je lui ai rappelée, il a rectifié. Il m'a dit: "J'ai demandé aux gars de se mettre à une distance de bras. Comme ils ne bougeaient pas et étaient toujours aussi serrés , je leur ai dit: "Non , je ne vous ai pas dit de vous mettre à une longueur de zob! ".

Patrick GOBLET (par mail le 11.10.2015):

Ce soir, j'ai une autre information à te communiquer pour la transmettre aux potes, il s'agit du décès de Monsieur BONNEL, dont les obsèques auront lieu Jeudi matin 15.10.2015 à Arras. ( le faire-part figure dans la "Voix du Nord" de ce Dimanche, édition d'Arras bien sûr ).

Claude SARRAT (par mail le 11.10.2015) :

La vigilance de Patrick GOBLET m'a évité de passer au travers de l' annonce nécrologique de ce jour: Joseph BONNEL, qu'aucun d'entre nous ne peut avoir oublié, même s'il n'est pas passé "entre ses mains", nous a quitté à 95 ans. C'est une figure de la vie normalienne qui s'en va ! Je ne peux m'empêcher de penser à Jean-Claude SORGE qui l'avait côtoyé pendant les vacances en Belgique sur les courts de tennis...

Pierre LAMPIN (par mail le 12.10.2015) :

Je viens aussi d' apprendre le décès de Monsieur BONNEL. C' était un personnage à multiples facettes.

A la rentrée de 1954 il nous donna notre premier cours d' EPS en nous confiant à chacun une pelle ou une pioche pour aplanir la piste de course à pied autour des marronniers de la cour. Les promos précédentes avaient elles creusé le terrain de foot.

C' est aussi lui qui avait introduit le rugby à l' ENG.

André DACHEVILLE (par mail le 12.10.2015) :

Sûr que Joseph BONNEL était à multiples facettes.

D'abord, je pense que c'est Gaston qui a introduit le rugby à l' EN, du moins c'était lui qui nous suivait dans nos déplacements et qui participait aux entrainements de l' ASPTT.

Pour revenir à Joseph, j'ai à vous conter quelques anecdotes savoureuses que j'ai vécues soit personnellement soit avec J.L CHARLET ou J.M CHRETIEN.

Quelques jours avant la fin des épreuves physiques et sportives du bac, il m'a demandé , contre une très bonne note aux épreuves , de venir bêcher une partie de son jardin. J'ai accepté, même si je savais que de toutes façons, j'avais presque le maximum dans ces épreuves. Difficile de dire non, et puis je n'en avais pas l'envie. Promesse fut tenue, je dois dire, mais sans impact sur mon résultat final au bac.

Une autre anecdote : il m'avait recruté (avec CHRETIEN et CHARLET pour aller nettoyer (désherber) son mini-golf, son terrain de tennis et son petit bassin aquatique qu'il possédait en Belgique, sur la côte, à La Panne. Il réglait notre salaire (indemnités ?) en paquets de tabac "le Clan" (bon marché en Belgique, très chers en France et faciles à revendre). On se restaurait soit chez lui, dans sa résidence secondaire, soit sur place avec force boîtes de conserves plus ou moins réchauffées sur un mini-gaz de camping (j'ai eu quelques petits problèmes de digestion et de génération spontanée d'acné dorsale durant le séjour et après aussi...). Juste avant l'ouverture de la saison , il me remercia, ne gardant sur le site que mes deux compères (c'est vrai, ils étaient plus beaux que moi et devaient mieux représenter sa petite entreprise - LoL). Lui, il enseignait le tennis ou la natation selon la clientèle.

Une autre anecdote sur ces mêmes lieux : alors qu'il nous ramenait chez lui pour le repas du soir, il s'arrêta en cours de route et nous fit embarquer dans son coffre plusieurs blocs de bordures de rues, en béton, repérés sur le bord d'un chantier le long d'une route en réfection (besoin pour rénover une partie de son golf...).

La dernière facette que j'ai moins aimée : il pouvait se montrer accueillant mais aussi dur parfois : toujours à La Panne, il a répliqué à une dame qui amenait sa petite fille prendre des cours de tennis et qui quémandait une petite réduction sur le prix global (il est vrai qu'elle insistait un peu) : " Madame quand on n'a pas les moyens, on n'inscrit pas son enfant à des cours de tennis, on choisit un autre sport". Elle a fait demi-tour non sans envoyer un message de réprobation que je ne rapporterai pas ici mais que vous pouvez imaginer.

Et pour finir, tous les trois, nous étions très épris de sa magnifique fille, que nous apercevions de temps en temps, lors des repas.

Pierre LAMPIN (par mail le 13.10.2015):

Décidément, ce sacré Joseph, c' était un sacré personnage !

Pour en revenir au rugby c' est vrai que Gaston voulait tout autant que BONNEL développer ce sport à l' ENG. Mais je me souviens que dans les années cinquante, pas mal de copains aimaient bien davantage le foot, qui semblait, me semble-t-il, mal vu des profs d' EPS et en particulier de M. BONNEL, alors que TOUTOU était un peu plus tolérant.

BONNEL avait essayé aussi d' introduire un autre sport particulièrement épuisant, une sorte de hand qui se jouait sur un terrain de foot.

Un souvenir de rugby qui montre le genre de réputation que M. BONNEL avait dans d' autres académies: ce devait être vers 1956, je jouais 2^ème ou 3^ème ligne. On était devenus champions d' académie en battant je ne sais plus quelle école d' ingénieurs de Lille et on devait jouer contre Rouen. Ca se passait à Amiens et on s' est fait huer pendant tout le match par une bande de jeunes qui étaient restés là pendant toute la partie malgré le froid glacial. A près le match ( qu' on avait perdu) un copain a demandé à quelques-uns d' entre-eux pourquoi ils avaient fait ça. Ils ont répondu qu' ils n'avaient rien contre nous mais qu' ils avaient voulu punir BONNEL qui était bien connu partout pour truander tous les matchs ! ( C' était des Normaliens et des Lycéens d' Amiens).

.....

On aurait pu parler aussi de ses talents de poète, de dessinateur...

Ce que je te demande quand même d' ajouter c' est qu' un beau jour il m' a montré que j' avais ma place dans une équipe et ça je l' en remercie encore.

Alain PLATIER (par mail le 13.10.2015) :

Tu as eu raison de transmettre ce témoignage d' André, même si les circonstances sont "particulières"... Gaston TOUZARD était un Educateur Joseph BONNEL était plutôt un éducastreur.

Patrick GOBLET (par mail le 13.10.2015) :

Monsieur BONNEL qui, certes, était un personnage, semble avoir laissé des souvenirs très divers parmi la " gente normalienne ". Moi qui n'ai jamais été un sportif ( tant s'en faut ) contrairement à la majorité des copains, j'ai des souvenirs très différents de Monsieur BONNEL que je vais donc vous évoquer maintenant.

Lorsque les résultats du Concours d'entrée à l' E.N. furent connus, mon "piteux" numéro d'entrée ( 87 ) avait interpellé mes parents habitués à de très bons résultats de la part de leur "fiston". Certes, ils songèrent très vite à la note probablement déplorable que j'avais dû obtenir en Education physique. Néanmoins, par curiosité, ils avaient demandé à un instituteur qui connaissait bien Monsieur BONNEL s'il était possible de connaître mes notes obtenues dans les diverses matières. Alors que l'instituteur ( qui m'avait eu comme élève) me présentait à Monsieur BONNEL comme "un garçon timide", Monsieur BONNEL s'exclama et affirma même le contraire suite à un incident qui s'était déroulé lors de l'épreuve de Sport.

Ce jour-là, l'on devait exécuter un enchaînement dont notre prof du lycée d'Arras ne s'était guère soucié. Aussi, au jury, à Monsieur BONNEL entre autres, j'avais expliqué cela et lorsque Monsieur BONNEL m'a objecté "Je n'en suis pas responsable", j'avais répondu sans réfléchir à mon propos: " Moi non plus !! "

Si bien que lorsque je vis apparaître à la porte de notre classe de 1C, le visage de Monsieur BONNEL, un certain frisson m'a envahi et durant plusieurs semaines, d'autant que j'étais nul, je n'étais guère à l'aise pendant ses cours.

Or, les choses ont beaucoup changé lorsque pendant l'année de Philo, mes problèmes d'estomac furent connus des Profs; lorsque j'attendais le bus rue d'Amiens pour aller rapidement manger chez moi ( autorisation de Monsieur THOMAS pour ma santé ), si Monsieur BONNEL venait à passer, fort gentiment, il me prenait en voiture ( on habitait le même quartier ). J'ai découvert alors un Monsieur BONNEL fort "humain".

Enfin, toutes ces dernières années, lorsqu'il m'est arrivé de le croiser dans le quartier, notre conversation fut toujours détendue, voire amicale.

Voilà le "jugement" d'un nul en sport...

Pierre LAMPIN (par mail le 13.10.2015 en soirée):

On évoquait je crois ce matin les talents de poète de Monsieur BONNEL.

J' ai trouvé dans un de ses recueils ce petit poème où il nous fait en quelque sorte ses adieux.

Un poème qui pourrait accompagner son portrait.

Réflexions et souhaits

Je me voudrais grand oiseau blanc.

Sous mes ailes, beaucoup de vent.

Monter très haut encor' longtemps

Sans ressentir le poids des ans.

J' aimerais pouvoir picorer

Le parfait de l' immensité,

Revenir le distribuer

Aux gens de bonne volonté.

J' aimerais écrire les mots

Qu' en mon cœur je garde en dépôt,

De ma plume faire un pinceau

Mettre du beau en mes tableaux.

Mais en ce monde si précaire

Qui confond le ciel et l' enfer

Comme un Quichotte visionnaire,

Je passe et rêve, sans rien faire.

C' est pourquoi sans cérémonie,

Sitôt le voyage fini,

Ne sera que mon nom inscrit

Sur petite superficie.

Peut-être aussi en mes complies

Un bref "Salut la compagnie".

Joseph Bonnel (1991)

Lionel LEPRETRE (par mail le 18.10.2015):

Si j'ai pu réaliser ma carrière de professeur d'éducation physique et sportive, je le dois en grande partie à mes maîtres en la matière, MM. BONNEL, TOUSARD et CARPENTIER, nos professeurs de l'Ecole Normale, chacun à égalité de mérite, chacun selon leurs diverses personnalités...

Je suis attristé, même choqué aujourd'hui, à la lecture des propos parvenus sur notre site, suite au décès de Monsieur BONNEL.

Tous ne sont pas négatifs, bien heureusement, mais quelques-uns relèvent du règlement de comptes post-mortem et frisent parfois la diffamation. Certains se reconnaîtront...

Chacun est libre de penser ce qu'il veut mais, en ces circonstances, la décence s'imposait. Respectons la mémoire de Monsieur BONNEL et laissons le reposer en paix, mais aussi pensons à ses proches, susceptibles de lire ces écrits...

Bruno PETIT (réponse par mail à Lionel LEPRETRE, le 18.10.2015):

     C'est vrai que , comme le disait Pierre LAMPIN, Joseph BONNEL était un personnage à "multiples facettes."
     L'annonce de son décès a ravivé les souvenirs des uns et des autres, et suscité des réactions diverses.
     N'étant le censeur de personne dans notre groupe de vieux potes (je pense que nous sommes tous capables de nous autocensurer) , je transmet intégralement les réactions , souvenirs et anecdotes qui me parviennent. La tienne en fait partie bien sur et je la transmets in extenso.
     Pour ma part, j'aimais bien Joseph BONNEL, et je l'avais dit (en privé alors) à Patrick GOBLET auquel j'avais répondu à l'un de ses mails

      "Merci pour cette contribution d'une tonalité toute différente des précédentes.
      Je viens de l'ajouter dans la page consacrée à Mr BONNEL sur le site.
      Moi aussi, je l'aimais bien. Mes résultats en sport étaient lamentable au concours d'entrée, n'ayant jamais bénéficier d'aucune heure d'EPS au CEG, et étant de santé délicate (asthmatique depuis l'enfance !). Il ne s'est jamais acharné sur moi et ne m'a jamais témoigné de mépris. Il était même plutôt encourageant. Cela dit, et grâce à des gens comme lui (et à certains copains qui m'ont pris sous leur aile), j'ai bien progressé, et je crois même me souvenir avoir obtenu 19/20 au BAC en EPS !
      Son décès m'attriste."

Malgré cela, la diversité des points de vue et des souvenirs exprimés, moi, je l'ai plutôt vécue favorablement car généralement, c'est le contraire qui se produit lors du décès d'une personne.
"Il est toujours joli, le temps passé.
Pourvu qu'ils aient cassé leur pipe,
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés.
Les morts sont tous de braves types." (Brassens)

     Aussi, je suis d'avis de respecter les souvenirs des uns et des autres, et leurs appréciations personnelles sur les uns et les autres.
     Reste le problème de la publication de ces réactions, souvenirs et anecdotes, sur le site Internet de la promo.
     J'avais cru bien faire en les publiant, au fur et à mesure de leur expression, dans la page consacrée à Joseph BONNEL, mais peut-être aurai-je du attendre un peu, afin de prendre du recul, avant de publier... où de ne pas publier...
     Je vais y ajouter ta contribution et la mienne de ce jour, mais je suis tout prêt à retirer l'ensemble des réactions postérieures au décès de Joseph BONNEL si un seul d'entre tous les copains me le demande.
     La finalité de tout mon travail depuis 2005 ou j'ai commencé ce site, a toujours été de rassembler les copains autour de nos souvenirs, et non de les diviser.

Vignettes	Commentaires	Source	taille de la photo
	Denis LAMARRE (57 - 61): "Monsieur Joseph BONNEL, prof de gym, en train de repeindre le marquage du terrain de basket sous la verrière, en 1960."	D LAMARRE	147 Ko
	1961_1962_2a_equipe_de_basket_02.txt	JL TAVERNIER	141 Ko
	Année scolaire 1962-1963. Équipe de volley-ball de l'E.N.G. Championnat d'académie 1962_1963_groupe_volley_01.txt	G POLET	222 Ko
	1996_arras_anciens_eng_ag_02_bonnel.txt	M LEROY (56-60)	74 Ko
	Banquet des anciens élèves de l'ENG d'Arras. 12 mai 2002. 2002_05_12_promo_37_40_bonnel.txt	Site de l'Amicale des Anciens de l'ENG d'Arras	46 Ko
	Banquet des anciens élèves de l'ENG d'Arras. 16 mai 2004. Joseph BONNEL	D LAMARRE	78 Ko
	Faire-part de décès de Joseph BONNEL paru dans la Voix du Nord (édition d'Arras) du 11.10.2015	Voix du Nord du 11.10.2015 (Envoi de Claude SARRAT)	103 Ko